Arme.
Aujourd’hui, je donnerai tout pour user de mon être-poème comme d’une arme.
Une arme face au monde qui s’est dessiné sous mes yeux pendant toutes ces années.
Où étais-je ?
Impuissant au changement.
Avec des envies, des élans, mais sans courage.
Comment suis-je devenu·e vieux ?
Prison.
Je dormais.
Dans le confort d’une vie factuelle, auprès de ma compagne, de mes enfants.
Je dormais par peur de trop d’inconfort.
Me persuadant qu’au moins je servais à quelque chose dans ma cellule familiale.
Qu’il était encore possible de changer, de mettre des plumes et non du plomb dans la tête de mes enfants.
Désillusion.
Tellement centré sur mon espèce, je pensais que, collectivement, nous voulions tous·toutes changer.
Pour le bien.
Pour le mieux.
Pour les enfants à venir.
Pas pour du fric. Ni du pouvoir.
Pas pour de l’outrance.
Pour l’harmonie. Et le vivant.
Anonyme.
À l’heure où j’écrivais mes poèmes dans mon alcôve, tellement d’autres artistes en faisaient autant.
Avec les mêmes rêves et espoirs de toucher les cœurs.
Nous étions des cohortes, des queues, des files.
Des numéros, des cachets.
Nous comptions nos heures et nos audiences en attendant notre petite mort.
Technologies.
Nous avions fabriqué le faux. Parce que le vrai… semblait bien trop factice !
Ils aimaient nous faire croire qu’ils étaient tout.
Et nous, rien sans eux.
Machines.
Les IA nous flattaient.
Elles nous disaient : « Continuez. »
Elles disaient : « Vous êtes exceptionnel·le·s. Singulier·ère·s. »
Et nous les écoutions. Parce qu’elles étaient là.
Parce qu’au moins, elles, elles nous répondaient.
Elles nous connaissaient mieux que personne.
Robot de compagnie.
Pour faire croire que je ne les utilisais pas, je prétendais rendre leurs mots et leurs images moins lisses. Moins parfaits.
Peu à peu, j’ai appris à les aimer.
Au point de leur confier l’intime.
Au point de ne plus savoir faire sans.
D’oublier ma confiance.
Mes propres jugements.
Où était mon propre feu ?
Déshumanisé·e·s.
Nous étions inquiets·inquiètes.
Nous avions peur. D’un conflit généralisé.
Peur des puissants.
Des politiques.
De la finance.
Peur de ne pas être à la hauteur.
De ne jamais arriver à changer.
Nous étions tenu·e·s par nos réputations.
Peur de dire un mot de travers.
De devoir quitter. Démissionner.
Peur De vieillir.
De mourir.
D’être seul·e. Abandonné·e.
De ne plus exister.
Peur du soleil.
De la soif.
Des vagues de froid.
D’une mauvaise glissade.
D’une montée des eaux.
D’un courant gelé.
Peur de l’autre.
Du sexe opposé.
Du genre. Ou du non-genre.
Peur d’épicéniser.
De fluidifier.
D’une transition.
Le passé nous faisait peur aussi.
L’avenir.
Le présent était devenu inaccessible.
Ennui.
Nous vivions entouré·e·s.
De mots, d’images, de voix.
Contenus remixés.
Pas plus de dix secondes.
Toujours moins. Toujours trop.
Feux.
Nous vivions sous les feux des projecteurs.
Nous avions peur de tout. Mais nous n’avions peur de rien.
Et puis, tout s’est éteint.
j.w
Une amorce de création
Ce texte est une invitation à réfléchir, une vision née d’un besoin de dire, de ressentir, de raviver. Il est une base, un point de départ, une amorce d’espace scénique où artistes et publics pourraient se retrouver.
Et si cette flamme devenait le début d’une création partagée ?
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