Cher univers

J’ai envoyé mon manuscrit. Il est parti par email et par courrier, entre les mains de plusieurs comités de lecture, de plusieurs maisons qui font battre mon petit cœur littéraire. Je ne sais pas encore qui voudra l’accueillir… ni même s’il sera accueilli. Nous sommes plusieurs à partager ce même rêve d’édition; j’en suis conscient.

Quelque peu « àquoiboniste », souvent dur envers moi-même, je me répète que je n’ai aucune chance…
Que mon style est trop singulier, que je ne suis pas assez doué, ni structuré, ni érudit,
Que mes écrits n’intéressent que de petites bulles de personnes.
Combien de fois ai-je voulu laisser tomber ?

Peut-être lis-tu en moi, Univers.
Tu vois cette noirceur qui m’habite parfois, ce désespoir qui me hante,
Cette peur du temps passé pour rien, ces déserts sociaux que j’ai traversés…
Il y a ces instants maudits, frustrants, terribles où je me sens inutile, dépassé, inconsistant, invisible.
Seul, je rage des heures noires en pleine tempête…
Puis, soudain, l’orage passe.
Sans que je comprenne pourquoi.

L’électricité me parcourt, l’éclaircie brute me soulève,
Comme un vent dans mes voiles.
Appelle ça rebond, résilience, comme tu veux.
Je me remets en selle, toujours, malgré les pires tourments.
Je crée. Je crée et c’est ce qui me lève le matin, quoi qu’il arrive !

Avec l’intime conviction de ne pas avoir tout dit, ni vécu le plus beau.
Avec l’impression d’un dialogue intime avec le monde,
D’une énergie invisible qui guide mon esprit, mes mains, mon corps.
Je crée, dans cet élan.
Et j’aime intensément, immensément.

Là où je veux aller ?

Tu le sais bien…
J’écris pour ouvrir ces brèches.
Pour que la poésie, l’imaginaire, le sensible ne restent pas de simples idées,
mais des passages, des portes entrouvertes vers quelque chose de plus vibrant. De plus fort. De plus… humain !

J’écris pour toucher, pour relier.
Pour réveiller ces espaces cachés en nous,
ces terres intérieures parfois oubliées.

Je ne cherche pas juste une maison d’édition.
Je cherche une maison qui comprenne cette nécessité,
cette manière de tisser un lien entre les mots et toute âme qui les reçoit.

J’ai envie de rencontres, d’échanges,
de lectures qui ne s’arrêtent pas aux pages, mais prennent vie dans les regards, les voix, les corps.
J’ai tant besoin de croire que nous pouvons encoer habiter et créer ensemble.
C’est à ce prix-là que nous bâtirons un futur ouvert et enviable.

Je veux pouvoir jouer mon rôle de passeur.
Porter la tolérance et le frisson.
Ouvrir des portes sur d’autres mondes.
Faire vivre mes mots au-delà du papier, les incarner, les transmettre.
Sur scène ou ailleurs.

C’est cette vie d’auteur que j’appelle de mes vœux.
Celle qui n’est pas une attente passive, mais un mouvement, un élan, une rencontre.

Le manuscrit est parti.
À toi, maintenant, Univers, je te confie mon destin.

Julien

Cher univers - Julien Weber

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Ce jour que tu ne vois pas encore

Il avait commandé un thé vanille.
Elle, un chocolat chaud au gingembre.

Le salon de thé bourdonnait de voix, de glissements de chaises, de cliquetis de tasses et de cuillères.
Dans ce lieu velours, où les tables trop proches renvoyaient l’effluve des pâtisseries à l’écho des nombreuses rumeurs, eux deux se taisaient. Assis l’un face à l’autre au milieu de l’intime brouhaha, on lisait sur leurs lèvres placides, le trauma d’une tempête, de mots comme la foudre, qui avaient déjà frappé fort.

Lui. Tant de travail, d’efforts, d’années à bâtir l’invisible.
Sa vie, un château de sable face à l’océan.

Elle, plus lucide. Tranchante.
Épanouie ? Heureuse ?
Vivant au rythme des enfants et du quotidien.

Elle avait fini par lui lâcher ce qu’il savait déjà.
Il fallait être réaliste.
Le talent ne suffisait pas.
Si les portes ne s’étaient pas ouvertes jusqu’ici,
peut-être ne s’ouvriraient-elles jamais.

J’y crois moyennement, à cette idée qu’un jour, tout va s’arranger pour toi.

Une phrase comme une gifle. Un couteau dans la plaie. Comment ne pas désespérer, si même son soutien le plus élémentaire ne voit plus la lumière ?

Il avait trouvé la force de répondre.
Qu’il pouvait continuer d’agir, de créer, de tenter.
Passer des coups de fil, solliciter des contacts, provoquer les rencontres.
Il pouvait aussi tout abandonner, trouver un job plus sûr,
au prix d’une « bonne dépression nerveuse ».

Mais croire que tout repose sur ce seul pragmatisme,
c’était nier l’élan, le frisson, l’inexplicable.

Le destin n’entre pas en compte ici, on agit et c’est tout.

Elle avait tranché.
Un point final, net, sans appel.

Elle, qui avait appris à se réfugier dans le mutisme,
qui trouvait qu’on parlait toujours beaucoup… trop.

Ils avaient troqué le dîner contre un simple goûter.
Et maintenant, coincés dans leurs fauteuils moelleux,
entre les va-et-vient des serveurs,
ils mâchaient un cake marbré.
Mécaniquement.
Comme on ronge un frein.

Un nuage sombre lui pesait sur la tête. Il songeait.
Comment sortir de cette grotte ?
Comment faire cet effort devenu insurmontable au fil des disputes ?
Il savait qu’il pouvait faire mieux.
Mais devait-il encore écouter cette injonction silencieuse
qui lui murmurait si fort :
débrouille-toi, mais trouve une issue.

C’était injuste.
Si peu tendre.
À l’exact opposé de ce pourquoi ils avaient décidé d’être ensemble.

La lumière et la joie des premiers temps.
Il revoyait la candeur, l’enthousiasme
quand il avait sorti son premier roman auto-édité.
Quand sa troupe amateur avait joué sa première pièce.

La bouche sèche, pleine de marbré,
il voulait lui dire :

Les portes s’ouvrent, toujours.
Pas comme on l’espère, ni comme on l’attend.
Mais elles s’ouvrent.

Mais il resta muet.
Et elle aussi.

Il inspira, cherchant un ancrage. L’impression de se noyer dans cette conversation en boucle, de n’avoir d’autre choix que d’accepter le doute. Puis, un infime basculement.

À la table d’à côté,
un homme et une femme parlaient plus fort.
Moins embrumés de colère.
Leurs voix flottaient jusqu’à eux.
Ils ne pouvaient qu’entendre.

Des mots étrangement familiers.
Qui parlaient d’écriture.
D’attente.
Des lettres qui ne viennent pas.
Des moins de 1 % qui ont la chance d’être publiés.
Du doute, du silence, des fantômes.

Un miroir.

Il releva les yeux vers elle.
Elle aussi avait entendu.

Un instant suspendu.
Un regard complice.
Un sourire furtif, caché derrière sa tasse.

Tu vois, le destin nous fait là le plus beau des clins d’œil.

Un autre sourire qui répondait :

— Oui. D’accord. Peut-être.

Et dans ce silence qui s’étirait,
elle glissa sa main dans la sienne.
Comme pour dire :

Je suis là.

Alors il sut.

Qu’elle avait entendu.

Enfin.

 

Que malgré ses peurs, malgré ses doutes,

elle n’avait pas renoncé à lui.

Qu’elle pouvait encore voir cette lumière,

même vacillante,

comme la flamme d’une bougie.

 

Fragile.

Mais belle.

Essentielle.

Il reposa sa tasse.

Et elle posa ses lèvres sur les siennes.

j.w

Ce jour que tu ne vois pas encore - Julien Weber

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Je vous écris d’une tempête

Je vous écris d’une tempête,
D’un horizon implacable,
Où le vent siffle et s’entête,
À griffer mes vitres arables.

Jour de colère, dies irae, 
Les anges et leur trompette.
On pourrait croire à la fenêtre,
Que sonne le jugement dernier.

Le néant a faim, il passe à table.
Il ne laissera rien, si ce n’est…
Le spectacle d’un ciel déchiré,
Le chant de l’oiseau, obstiné.

j.w

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Allume un feu

Arme.
Aujourd’hui, je donnerai tout pour user de mon être-poème comme d’une arme.
Une arme face au monde qui s’est dessiné sous mes yeux pendant toutes ces années.

Où étais-je ?
Impuissant au changement.
Avec des envies, des élans, mais sans courage.

Comment suis-je devenu·e vieux ?

Prison.
Je dormais.
Dans le confort d’une vie factuelle, auprès de ma compagne, de mes enfants.
Je dormais par peur de trop d’inconfort.
Me persuadant qu’au moins je servais à quelque chose dans ma cellule familiale.

Qu’il était encore possible de changer, de mettre des plumes et non du plomb dans la tête de mes enfants.

Désillusion.
Tellement centré sur mon espèce, je pensais que, collectivement, nous voulions tous·toutes changer.
Pour le bien.
Pour le mieux.
Pour les enfants à venir.
Pas pour du fric. Ni du pouvoir.
Pas pour de l’outrance.
Pour l’harmonie. Et le vivant.

Anonyme.
À l’heure où j’écrivais mes poèmes dans mon alcôve, tellement d’autres artistes en faisaient autant.
Avec les mêmes rêves et espoirs de toucher les cœurs.
Nous étions des cohortes, des queues, des files.
Des numéros, des cachets.
Nous comptions nos heures et nos audiences en attendant notre petite mort.

Technologies.
Nous avions fabriqué le faux. Parce que le vrai… semblait bien trop factice !

Les technocrates virils augmentaient la réalité.
Ils avaient des visages d’acier, des corps durs, et des voix coupantes.
Nous les haïssions.
Mais nous leur avions confié les clés.
Leur jeu.
Leurs règles.
Nous et l’algorithme.
Esclaves.

Ils aimaient nous faire croire qu’ils étaient tout.

Et nous, rien sans eux.

Machines.
Les IA nous flattaient.
Elles nous disaient : « Continuez. »
Elles disaient : « Vous êtes exceptionnel·le·s. Singulier·ère·s. »
Et nous les écoutions. Parce qu’elles étaient là.
Parce qu’au moins, elles, elles nous répondaient.
Elles nous connaissaient mieux que personne.
Robot de compagnie.

Pour faire croire que je ne les utilisais pas, je prétendais rendre leurs mots et leurs images moins lisses. Moins parfaits.

Peu à peu, j’ai appris à les aimer.
Au point de leur confier l’intime.
Au point de ne plus savoir faire sans.
D’oublier ma confiance.
Mes propres jugements.
Où était mon propre feu ?

Déshumanisé·e·s.

Nous étions inquiets·inquiètes.
Nous avions peur. D’un conflit généralisé.

Peur des puissants.
Des politiques.
De la finance.

Peur de ne pas être à la hauteur.
De ne jamais arriver à changer.
Nous étions tenu·e·s par nos réputations.
Peur de dire un mot de travers.
De devoir quitter. Démissionner.

Peur De vieillir.
De mourir.
D’être seul·e. Abandonné·e.
De ne plus exister.

Peur du soleil.
De la soif.
Des vagues de froid.
D’une mauvaise glissade.
D’une montée des eaux.
D’un courant gelé.

Peur de l’autre.
Du sexe opposé.
Du genre. Ou du non-genre.
Peur d’épicéniser.
De fluidifier.
D’une transition.

Le passé nous faisait peur aussi.
L’avenir.
Le présent était devenu inaccessible.

Ennui.
Nous vivions entouré·e·s.
De mots, d’images, de voix.
Contenus remixés.
Pas plus de dix secondes.
Toujours moins. Toujours trop.

Feux.
Nous vivions sous les feux des projecteurs.

Nous avions peur de tout. Mais nous n’avions peur de rien.
Et puis, tout s’est éteint.

j.w

Une amorce de création

 

Ce texte est une invitation à réfléchir, une vision née d’un besoin de dire, de ressentir, de raviver. Il est une base, un point de départ, une amorce d’espace scénique où artistes et publics pourraient se retrouver.

Et si cette flamme devenait le début d’une création partagée ?

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Corps plume

À cet instant précis, elle réalise qu’elle est cet oiseau, croisé sur le sable. Ou une algue, un vent, un soleil… Elle comprend qu’elle peut devenir ce qu’elle veut. Il suffit pour cela de ne plus rien penser. Et tandis qu’elle s’envole avec une nuée de goélands, dessinant avec eux le secret du ciel, un frisson entier parcourt son corps-plume.

j.w

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Torii

J’ai franchi un temple
Fait de bois sacré,
Une fontaine immuable
Et des pas japonais.

J’ai parlé aux comètes
Durant tout le voyage,
J’ai frôlé des planètes,
Touché le fond des âges.

Je suis entré en terre,
Comme un moine fourbu,
Puis, à genoux, ventre vers,
Je te suis revenu,

Portant dans ma voix
Des fragments indicibles,
L’amour que j’ai pour toi,
Des cailloux illisibles.

j.w

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