Lettre à Sacha – une tentative d’amour

Sacha,

Toi qui n’es jamais venu ce jour de printemps…
Finalement, il y a bien longtemps que j’avais oublié de te parler.
Nous nous étions trouvés au bord d’une fête — je suis toujours au bord —
et nous avions ri, bu, chanté.
Oh bien sûr, les autres n’avaient rien vu. Ils ne voient jamais rien.

Sacha, que te dire ?
La vie passe, la vie coule.
Son flot de petites joies, de grands tracas.
La vie et ses émotions inhérentes, ses inquiétudes grandissantes.
Le voile semble si fin, si fragile, entre le vivant et le chaos.
Aujourd’hui il fait si chaud.
Demain, les guerres seront-elles toujours aussi froides ?

Oui je sais, mes mots sont toujours aussi lisses
et propices à l’examen de conscience…
Mais quid de mes actes ?
Tu sais, c’est moche de constater que je n’ai pas le temps de m’occuper d’autre que moi.
Je suis dans une bouillie écœurante où je dois convaincre, persuader, prouver que j’existe.
Mon combat se résume à faire entendre mon choix de vie.
Il me prend jour et nuit.

Sacha, mon tendre.
Aujourd’hui, je suis à la marge.
De l’autre côté de la ligne rouge !

Qui l’aurait cru ?
Les petits carreaux de la page se sont décalés d’eux-mêmes.
Et moi, je n’ai pas bougé.
Je n’ai fait que suivre mon chemin, en cohérence,
et j’espère, en intelligence.
Cela a suffi pour me rendre si singulier,
Au point de passer pour le je-ne-sais-quoi de l’ami George.

Les choses, les gens… le monde a changé.
Sous mes yeux écarquillés.
Les règles du jeu aussi.

Une force odieuse, écrasante, indiscible est entrée en scène.
Une force qui pousse à rentrer dans le rang, sans faire de bruit.
Elle accule, elle méprise, elle divise.
Son discours est en train d’écraser tous les autres.
Elle répète l’Histoire à sa manière…

Que c’est naïf et attendu de dire cela n’est-ce pas ?
Et c’est bien là le pire :
je ne la vois même plus, ma chance.

Je suis encore et toujours ce privilégié,
trop occupé à augmenter mon petit confort,
à pleurer quand un job, une scène ou un mot me résiste.
Quand des peuples luttent pour leur survie,
je rumine juste mes petites injustices.

En fait, mon pote.
Je suis paumé. Fragile. Déprimé.
Tous les signaux qu’on ne doit pas envoyer, jamais, dans cette société.

Je suis gauche, timide, ampoulé.
Maladroit, pas bien taillé, déconstruit à moitié.
J’ai des phobies, des maladies invisibles.
Je tremble quand je dois parler.
Chaque jour, je fais mon métier avec la peur au ventre.

Pourquoi ?

Je n’en sais rien.
La logique voudrait que mon texte bascule ici.
Mais non, Sacha. Là, je ne sais pas.

Toi qui n’es jamais venu.
Je t’envie ta fraîcheur.
Ton cœur, ta naïveté. Ton corps tout neuf.
Je t’envie le simple fait que tu puisses.
Car moi, je dois.

Je t’écris ce flow d’inepties,
qui ressemble vaguement à une rédemption.
L’algorithme des réseaux me dira que 1 % des gens liront jusqu’ici.
C’est ainsi.
J’aurai consommé de l’énergie,
j’aurai nourri un système…
rien qu’en postant un poème.

Alors je vais l’encrer.
Arrêter cette logorrhée.

Sacha, bordel…
C’était juste pour te dire que je t’aime.

J’aime tout de toi.
Tu ne verras jamais le jour,
alors je le récite à ta place.
Sache qu’un seul mot d’amour
sauve les vieux singes de leurs grimaces.

juw

 

Lettre à Sacha - Julien Weber

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Apprends

Apprends les fleurs
Apprends les saisons
Apprends le chant
De l’oiseau,
Du mouvement.
Apprends doucement,
Lentement,
Par sédiment,
Par regard, par écoute,
Par coeur.
Apprends de nous,
De toi, des autres.
Apprends de tes erreurs,
Et de tes enseignements.
Apprends de ce que tu as
Déjà désappris, déconstruis.
Apprends de tes entêtements.
Du passé, du présent.
Garde le meilleur,
Enlève l’inutile,
ou le contraire.
Voilà, c’est tout.
Apprends.

juw

Apprends - texte de Julien Weber

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Le Weber est un tisserand

Je ne rentre dans aucune case,
ou chaque fois, je m’en échappe.

Alors j’ouvre des espaces pour te trouver.
Pour écouter tes silences avant tes mots.
Pour faire scène avec toi — de tout feu, de tout bois.

Je ne cherche pas à te séduire.
Je cherche à me relier à toi.
Nous rassembler, à ma manière.

Je suis libre.
Non pas par choix,
mais par nécessité —
comme l’air qu’on respire pour vivre.

Je me tiens là :
entre l’arbre et les planches,
entre l’oiseau et l’humain,
entre l’océan et la scène,
entre le cri et le poème.

Ce que je fais n’a pas de label. Pas encore.
Mais mon âme possède un langage.
Et il est à toi.
Je te le partage tout entier.

Je suis passeur de mots et d’émotions,
tisseur de lien, cueilleur d’instants —
et ce, jusque dans mon nom :
le Weber est un tisserand.

Je ne viens pas d’un milieu.
Je viens d’une erreur,
d’un accident merveilleux.
Je viens de ce qui parle fort à l’intérieur,
même sans micro, même sans calmant.

J’écris pour le rythme et l’invisible.
Je parle pour le vaste et l’insondable.
Les fantômes de mes aïeux
dansent dans mes yeux, entre mes lignes.
J’existe pour qu’on se souvienne que :
créer, c’est sacré.

juw

 

Le Weber est un tisserand - texte de Julien Weber

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Cher univers

J’ai envoyé mon manuscrit. Il est parti par email et par courrier, entre les mains de plusieurs comités de lecture, de plusieurs maisons qui font battre mon petit cœur littéraire. Je ne sais pas encore qui voudra l’accueillir… ni même s’il sera accueilli. Nous sommes plusieurs à partager ce même rêve d’édition; j’en suis conscient.

Quelque peu « àquoiboniste », souvent dur envers moi-même, je me répète que je n’ai aucune chance…
Que mon style est trop singulier, que je ne suis pas assez doué, ni structuré, ni érudit,
Que mes écrits n’intéressent que de petites bulles de personnes.
Combien de fois ai-je voulu laisser tomber ?

Peut-être lis-tu en moi, Univers.
Tu vois cette noirceur qui m’habite parfois, ce désespoir qui me hante,
Cette peur du temps passé pour rien, ces déserts sociaux que j’ai traversés…
Il y a ces instants maudits, frustrants, terribles où je me sens inutile, dépassé, inconsistant, invisible.
Seul, je rage des heures noires en pleine tempête…
Puis, soudain, l’orage passe.
Sans que je comprenne pourquoi.

L’électricité me parcourt, l’éclaircie brute me soulève,
Comme un vent dans mes voiles.
Appelle ça rebond, résilience, comme tu veux.
Je me remets en selle, toujours, malgré les pires tourments.
Je crée. Je crée et c’est ce qui me lève le matin, quoi qu’il arrive !

Avec l’intime conviction de ne pas avoir tout dit, ni vécu le plus beau.
Avec l’impression d’un dialogue intime avec le monde,
D’une énergie invisible qui guide mon esprit, mes mains, mon corps.
Je crée, dans cet élan.
Et j’aime intensément, immensément.

Là où je veux aller ?

Tu le sais bien…
J’écris pour ouvrir ces brèches.
Pour que la poésie, l’imaginaire, le sensible ne restent pas de simples idées,
mais des passages, des portes entrouvertes vers quelque chose de plus vibrant. De plus fort. De plus… humain !

J’écris pour toucher, pour relier.
Pour réveiller ces espaces cachés en nous,
ces terres intérieures parfois oubliées.

Je ne cherche pas juste une maison d’édition.
Je cherche une maison qui comprenne cette nécessité,
cette manière de tisser un lien entre les mots et toute âme qui les reçoit.

J’ai envie de rencontres, d’échanges,
de lectures qui ne s’arrêtent pas aux pages, mais prennent vie dans les regards, les voix, les corps.
J’ai tant besoin de croire que nous pouvons encoer habiter et créer ensemble.
C’est à ce prix-là que nous bâtirons un futur ouvert et enviable.

Je veux pouvoir jouer mon rôle de passeur.
Porter la tolérance et le frisson.
Ouvrir des portes sur d’autres mondes.
Faire vivre mes mots au-delà du papier, les incarner, les transmettre.
Sur scène ou ailleurs.

C’est cette vie d’auteur que j’appelle de mes vœux.
Celle qui n’est pas une attente passive, mais un mouvement, un élan, une rencontre.

Le manuscrit est parti.
À toi, maintenant, Univers, je te confie mon destin.

Julien

Cher univers - Julien Weber

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Ce jour que tu ne vois pas encore

Il avait commandé un thé vanille.
Elle, un chocolat chaud au gingembre.

Le salon de thé bourdonnait de voix, de glissements de chaises, de cliquetis de tasses et de cuillères.
Dans ce lieu velours, où les tables trop proches renvoyaient l’effluve des pâtisseries à l’écho des nombreuses rumeurs, eux deux se taisaient. Assis l’un face à l’autre au milieu de l’intime brouhaha, on lisait sur leurs lèvres placides, le trauma d’une tempête, de mots comme la foudre, qui avaient déjà frappé fort.

Lui. Tant de travail, d’efforts, d’années à bâtir l’invisible.
Sa vie, un château de sable face à l’océan.

Elle, plus lucide. Tranchante.
Épanouie ? Heureuse ?
Vivant au rythme des enfants et du quotidien.

Elle avait fini par lui lâcher ce qu’il savait déjà.
Il fallait être réaliste.
Le talent ne suffisait pas.
Si les portes ne s’étaient pas ouvertes jusqu’ici,
peut-être ne s’ouvriraient-elles jamais.

J’y crois moyennement, à cette idée qu’un jour, tout va s’arranger pour toi.

Une phrase comme une gifle. Un couteau dans la plaie. Comment ne pas désespérer, si même son soutien le plus élémentaire ne voit plus la lumière ?

Il avait trouvé la force de répondre.
Qu’il pouvait continuer d’agir, de créer, de tenter.
Passer des coups de fil, solliciter des contacts, provoquer les rencontres.
Il pouvait aussi tout abandonner, trouver un job plus sûr,
au prix d’une « bonne dépression nerveuse ».

Mais croire que tout repose sur ce seul pragmatisme,
c’était nier l’élan, le frisson, l’inexplicable.

Le destin n’entre pas en compte ici, on agit et c’est tout.

Elle avait tranché.
Un point final, net, sans appel.

Elle, qui avait appris à se réfugier dans le mutisme,
qui trouvait qu’on parlait toujours beaucoup… trop.

Ils avaient troqué le dîner contre un simple goûter.
Et maintenant, coincés dans leurs fauteuils moelleux,
entre les va-et-vient des serveurs,
ils mâchaient un cake marbré.
Mécaniquement.
Comme on ronge un frein.

Un nuage sombre lui pesait sur la tête. Il songeait.
Comment sortir de cette grotte ?
Comment faire cet effort devenu insurmontable au fil des disputes ?
Il savait qu’il pouvait faire mieux.
Mais devait-il encore écouter cette injonction silencieuse
qui lui murmurait si fort :
débrouille-toi, mais trouve une issue.

C’était injuste.
Si peu tendre.
À l’exact opposé de ce pourquoi ils avaient décidé d’être ensemble.

La lumière et la joie des premiers temps.
Il revoyait la candeur, l’enthousiasme
quand il avait sorti son premier roman auto-édité.
Quand sa troupe amateur avait joué sa première pièce.

La bouche sèche, pleine de marbré,
il voulait lui dire :

Les portes s’ouvrent, toujours.
Pas comme on l’espère, ni comme on l’attend.
Mais elles s’ouvrent.

Mais il resta muet.
Et elle aussi.

Il inspira, cherchant un ancrage. L’impression de se noyer dans cette conversation en boucle, de n’avoir d’autre choix que d’accepter le doute. Puis, un infime basculement.

À la table d’à côté,
un homme et une femme parlaient plus fort.
Moins embrumés de colère.
Leurs voix flottaient jusqu’à eux.
Ils ne pouvaient qu’entendre.

Des mots étrangement familiers.
Qui parlaient d’écriture.
D’attente.
Des lettres qui ne viennent pas.
Des moins de 1 % qui ont la chance d’être publiés.
Du doute, du silence, des fantômes.

Un miroir.

Il releva les yeux vers elle.
Elle aussi avait entendu.

Un instant suspendu.
Un regard complice.
Un sourire furtif, caché derrière sa tasse.

Tu vois, le destin nous fait là le plus beau des clins d’œil.

Un autre sourire qui répondait :

— Oui. D’accord. Peut-être.

Et dans ce silence qui s’étirait,
elle glissa sa main dans la sienne.
Comme pour dire :

Je suis là.

Alors il sut.

Qu’elle avait entendu.

Enfin.

 

Que malgré ses peurs, malgré ses doutes,

elle n’avait pas renoncé à lui.

Qu’elle pouvait encore voir cette lumière,

même vacillante,

comme la flamme d’une bougie.

 

Fragile.

Mais belle.

Essentielle.

Il reposa sa tasse.

Et elle posa ses lèvres sur les siennes.

j.w

Ce jour que tu ne vois pas encore - Julien Weber

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Je vous écris d’une tempête

Je vous écris d’une tempête,
D’un horizon implacable,
Où le vent siffle et s’entête,
À griffer mes vitres arables.

Jour de colère, dies irae, 
Les anges et leur trompette.
On pourrait croire à la fenêtre,
Que sonne le jugement dernier.

Le néant a faim, il passe à table.
Il ne laissera rien, si ce n’est…
Le spectacle d’un ciel déchiré,
Le chant de l’oiseau, obstiné.

j.w

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