Habiter un feu – lettre d’intention

Si je marche autant, 
c’est pour sentir sous mes pas
la promesse d’une scène, 
vieille comme le monde…

Dans le bois d’un théâtre laissé au vent,
j’entends l’appel d’un lieu qui voudrait de moi.
Il demeure au creux d’une vallée, sur un relief,
ou dans le silence d’une ville endormie.

Ses planches craquent,
soupirant l’attente d’un réveil,
où art et langage, plus que jamais, 
sont source vitale pour les âmes.

Mon cœur pulse au diapason  
d’un second souffle, de cette maison,
et je ne sais pas qui de nous deux
espère le plus la rencontre…

Dans ce nid presque palpable,
Je m’ancre de mots, de mouvement, 
soufflant sur les braises,
pour faire feu de l’utile et du rêve.

Si je marche autant, c’est pour trouver,
loin des abondances qui me noient,
le sentier à peine balisé,
qui donne sens à ma propre voie.

jw

Lettre à Sacha - Julien Weber

Veuillez recevoir ces quelques mots

En vous inscrivant à ma newsletter, je vous confie un petit bouquet poétique, déposé une fois par mois environ dans votre boîte mail. Un moyen simple et intime de garder le lien.

Votre inscription est un geste précieux qui soutient ma démarche créative. Merci infiniment pour votre attention.

Aux victimes des pesticides

J’ai été sollicité par le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest pour écrire un poème. Une lettre est née de cette rencontre. 

Mon amour, mon enfant, ma vie.

Aujourd’hui, mon combat n’est plus de cultiver.
Il est de guérir.
Aujourd’hui, non par mes mains ni par mon labeur quotidien,
mais par ma voix, ma parole résistante,
je vais enfin te dire.
Loin de moi les scandales.
Le mal qui me ronge, seul, témoigne.

J’ai nourri sang et os,
j’ai sué terre et feu,
mille labeurs pour une semence.
Pour une récolte, mille sacrifices.
J’ai enfanté la céréale, mûri le fruit,
pour toi, pour nous,
la communauté invisible et vaste,
à qui je dois mon geste.

Combien de soleils couchés sur mes fatigues ?
Combien de peines cachées sous mes plaines ?
Aux champs d’honneur, mon tracteur navigue.
Comment croire que je semais poison, désespoir et peine ?

Vie. Voilà le mot que je pensais répandre.
Contre toute concurrence, rendement ou attente.
Elle était aussi lumineuse et riche qu’un épi de blé.
Cette vie… qu’une trahison pourrait m’arracher.

Cancer.
Ce mot qui oppose.
Ce mot qui fait peur.
Ce mot contre lequel je me bats désormais.
Un mot qui n’est rien comparé à ma douleur.

De leur bouche, tout crache l’indifférence,
les solutions, le mépris, les défenses…
« Tant de choses provoquent la maladie »…
Tant de folie, de tromperie, de non-dits, aussi.

Reconnaissance.
Ce mot, que même malade, même vidé,
je dois encore prouver.

Toi, mon amour, mon enfant, ma vie,
entends-le. Dis-le. Offre-le.

Ma colère, mes acharnements, ma naïveté, mon déni.
Que ces fardeaux soient ton héritage.
Ce legs de détresse, comprends-le.
À ton tour cultive-le. À ton tour, aime-le.
Rends-le beau et vivant, au-delà de toutes mes erreurs.
Beau, vivant.
Et juste !

Fais-en une graine, un rêve, un meilleur.
Fais-en un avenir enviable.
Apprends. Réapprends ce qui fait de nous des hommes.
Mais surtout, refuse.

Refuse le poison.
Ni peste. Ni engrais.
Ni chimie. Rien.
Aucun discours, ni stratégie.
Aucune de leur peur artificielle.

Chaque graine naturelle que tu sèmes,
nomme-la Victoire.

Mon amour, mon enfant, ma vie,
mon silence hurle désormais plus fort qu’un profit.

Et toi, vas-y, crie :
Je suis le maïs, le blé, l’orge, le seigle…
Regarder la Terre vivre sera ma chance.

À travers ce sol en pleine santé, je renais,
À travers demain, les espoirs que tu nourris,
Je guéris.

jw

Lettre à Sacha - Julien Weber

Veuillez recevoir ces quelques mots

En vous inscrivant à ma newsletter, je vous confie un petit bouquet poétique, déposé une fois par mois environ dans votre boîte mail. Un moyen simple et intime de garder le lien.

Votre inscription est un geste précieux qui soutient ma démarche créative. Merci infiniment pour votre attention.

Lettre à Sacha – une tentative d’amour

Sacha,

Toi qui n’es jamais venu ce jour de printemps…
Finalement, il y a bien longtemps que j’avais oublié de te parler.
Nous nous étions trouvés au bord d’une fête — je suis toujours au bord —
et nous avions ri, bu, chanté.
Oh bien sûr, les autres n’avaient rien vu. Ils ne voient jamais rien.

Sacha, que te dire ?
La vie passe, la vie coule.
Son flot de petites joies, de grands tracas.
La vie et ses émotions inhérentes, ses inquiétudes grandissantes.
Le voile semble si fin, si fragile, entre le vivant et le chaos.
Aujourd’hui il fait si chaud.
Demain, les guerres seront-elles toujours aussi froides ?

Oui je sais, mes mots sont toujours aussi lisses
et propices à l’examen de conscience…
Mais quid de mes actes ?
Tu sais, c’est moche de constater que je n’ai pas le temps de m’occuper d’autre que moi.
Je suis dans une bouillie écœurante où je dois convaincre, persuader, prouver que j’existe.
Mon combat se résume à faire entendre mon choix de vie.
Il me prend jour et nuit.

Sacha, mon tendre.
Aujourd’hui, je suis à la marge.
De l’autre côté de la ligne rouge !

Qui l’aurait cru ?
Les petits carreaux de la page se sont décalés d’eux-mêmes.
Et moi, je n’ai pas bougé.
Je n’ai fait que suivre mon chemin, en cohérence,
et j’espère, en intelligence.
Cela a suffi pour me rendre si singulier,
Au point de passer pour le je-ne-sais-quoi de l’ami George.

Les choses, les gens… le monde a changé.
Sous mes yeux écarquillés.
Les règles du jeu aussi.

Une force odieuse, écrasante, indiscible est entrée en scène.
Une force qui pousse à rentrer dans le rang, sans faire de bruit.
Elle accule, elle méprise, elle divise.
Son discours est en train d’écraser tous les autres.
Elle répète l’Histoire à sa manière…

Que c’est naïf et attendu de dire cela n’est-ce pas ?
Et c’est bien là le pire :
je ne la vois même plus, ma chance.

Je suis encore et toujours ce privilégié,
trop occupé à augmenter mon petit confort,
à pleurer quand un job, une scène ou un mot me résiste.
Quand des peuples luttent pour leur survie,
je rumine juste mes petites injustices.

En fait, mon pote.
Je suis paumé. Fragile. Déprimé.
Tous les signaux qu’on ne doit pas envoyer, jamais, dans cette société.

Je suis gauche, timide, ampoulé.
Maladroit, pas bien taillé, déconstruit à moitié.
J’ai des phobies, des maladies invisibles.
Je tremble quand je dois parler.
Chaque jour, je fais mon métier avec la peur au ventre.

Pourquoi ?

Je n’en sais rien.
La logique voudrait que mon texte bascule ici.
Mais non, Sacha. Là, je ne sais pas.

Toi qui n’es jamais venu.
Je t’envie ta fraîcheur.
Ton cœur, ta naïveté. Ton corps tout neuf.
Je t’envie le simple fait que tu puisses.
Car moi, je dois.

Je t’écris ce flow d’inepties,
qui ressemble vaguement à une rédemption.
L’algorithme des réseaux me dira que 1 % des gens liront jusqu’ici.
C’est ainsi.
J’aurai consommé de l’énergie,
j’aurai nourri un système…
rien qu’en postant un poème.

Alors je vais l’encrer.
Arrêter cette logorrhée.

Sacha, bordel…
C’était juste pour te dire que je t’aime.

J’aime tout de toi.
Tu ne verras jamais le jour,
alors je le récite à ta place.
Sache qu’un seul mot d’amour
sauve les vieux singes de leurs grimaces.

juw

 

Lettre à Sacha - Julien Weber

Veuillez recevoir ces quelques mots

En vous inscrivant à ma newsletter, je vous confie un petit bouquet poétique, déposé une fois par mois environ dans votre boîte mail. Un moyen simple et intime de garder le lien.

Votre inscription est un geste précieux qui soutient ma démarche créative. Merci infiniment pour votre attention.

Apprends

Apprends les fleurs
Apprends les saisons
Apprends le chant
De l’oiseau,
Du mouvement.
Apprends doucement,
Lentement,
Par sédiment,
Par regard, par écoute,
Par coeur.
Apprends de nous,
De toi, des autres.
Apprends de tes erreurs,
Et de tes enseignements.
Apprends de ce que tu as
Déjà désappris, déconstruis.
Apprends de tes entêtements.
Du passé, du présent.
Garde le meilleur,
Enlève l’inutile,
ou le contraire.
Voilà, c’est tout.
Apprends.

juw

Apprends - texte de Julien Weber

Veuillez recevoir ces quelques mots

En vous inscrivant à ma newsletter, je vous confie un petit bouquet poétique, déposé une fois par mois environ dans votre boîte mail. Un moyen simple et intime de garder le lien.

Votre inscription est un geste précieux qui soutient ma démarche créative. Merci infiniment pour votre attention.

Le Weber est un tisserand

Je ne rentre dans aucune case,
ou chaque fois, je m’en échappe.

Alors j’ouvre des espaces pour te trouver.
Pour écouter tes silences avant tes mots.
Pour faire scène avec toi — de tout feu, de tout bois.

Je ne cherche pas à te séduire.
Je cherche à me relier à toi.
Nous rassembler, à ma manière.

Je suis libre.
Non pas par choix,
mais par nécessité —
comme l’air qu’on respire pour vivre.

Je me tiens là :
entre l’arbre et les planches,
entre l’oiseau et l’humain,
entre l’océan et la scène,
entre le cri et le poème.

Ce que je fais n’a pas de label. Pas encore.
Mais mon âme possède un langage.
Et il est à toi.
Je te le partage tout entier.

Je suis passeur de mots et d’émotions,
tisseur de lien, cueilleur d’instants —
et ce, jusque dans mon nom :
le Weber est un tisserand.

Je ne viens pas d’un milieu.
Je viens d’une erreur,
d’un accident merveilleux.
Je viens de ce qui parle fort à l’intérieur,
même sans micro, même sans calmant.

J’écris pour le rythme et l’invisible.
Je parle pour le vaste et l’insondable.
Les fantômes de mes aïeux
dansent dans mes yeux, entre mes lignes.
J’existe pour qu’on se souvienne que :
créer, c’est sacré.

juw

 

Le Weber est un tisserand - texte de Julien Weber

Veuillez recevoir ces quelques mots

En vous inscrivant à ma newsletter, je vous confie un petit bouquet poétique, déposé une fois par mois environ dans votre boîte mail. Un moyen simple et intime de garder le lien.

Votre inscription est un geste précieux qui soutient ma démarche créative. Merci infiniment pour votre attention.

Cher univers

J’ai envoyé mon manuscrit. Il est parti par email et par courrier, entre les mains de plusieurs comités de lecture, de plusieurs maisons qui font battre mon petit cœur littéraire. Je ne sais pas encore qui voudra l’accueillir… ni même s’il sera accueilli. Nous sommes plusieurs à partager ce même rêve d’édition; j’en suis conscient.

Quelque peu « àquoiboniste », souvent dur envers moi-même, je me répète que je n’ai aucune chance…
Que mon style est trop singulier, que je ne suis pas assez doué, ni structuré, ni érudit,
Que mes écrits n’intéressent que de petites bulles de personnes.
Combien de fois ai-je voulu laisser tomber ?

Peut-être lis-tu en moi, Univers.
Tu vois cette noirceur qui m’habite parfois, ce désespoir qui me hante,
Cette peur du temps passé pour rien, ces déserts sociaux que j’ai traversés…
Il y a ces instants maudits, frustrants, terribles où je me sens inutile, dépassé, inconsistant, invisible.
Seul, je rage des heures noires en pleine tempête…
Puis, soudain, l’orage passe.
Sans que je comprenne pourquoi.

L’électricité me parcourt, l’éclaircie brute me soulève,
Comme un vent dans mes voiles.
Appelle ça rebond, résilience, comme tu veux.
Je me remets en selle, toujours, malgré les pires tourments.
Je crée. Je crée et c’est ce qui me lève le matin, quoi qu’il arrive !

Avec l’intime conviction de ne pas avoir tout dit, ni vécu le plus beau.
Avec l’impression d’un dialogue intime avec le monde,
D’une énergie invisible qui guide mon esprit, mes mains, mon corps.
Je crée, dans cet élan.
Et j’aime intensément, immensément.

Là où je veux aller ?

Tu le sais bien…
J’écris pour ouvrir ces brèches.
Pour que la poésie, l’imaginaire, le sensible ne restent pas de simples idées,
mais des passages, des portes entrouvertes vers quelque chose de plus vibrant. De plus fort. De plus… humain !

J’écris pour toucher, pour relier.
Pour réveiller ces espaces cachés en nous,
ces terres intérieures parfois oubliées.

Je ne cherche pas juste une maison d’édition.
Je cherche une maison qui comprenne cette nécessité,
cette manière de tisser un lien entre les mots et toute âme qui les reçoit.

J’ai envie de rencontres, d’échanges,
de lectures qui ne s’arrêtent pas aux pages, mais prennent vie dans les regards, les voix, les corps.
J’ai tant besoin de croire que nous pouvons encoer habiter et créer ensemble.
C’est à ce prix-là que nous bâtirons un futur ouvert et enviable.

Je veux pouvoir jouer mon rôle de passeur.
Porter la tolérance et le frisson.
Ouvrir des portes sur d’autres mondes.
Faire vivre mes mots au-delà du papier, les incarner, les transmettre.
Sur scène ou ailleurs.

C’est cette vie d’auteur que j’appelle de mes vœux.
Celle qui n’est pas une attente passive, mais un mouvement, un élan, une rencontre.

Le manuscrit est parti.
À toi, maintenant, Univers, je te confie mon destin.

Julien

Cher univers - Julien Weber

Veuillez recevoir ces quelques mots

En vous inscrivant à ma newsletter, je vous confie un petit bouquet poétique, déposé une fois par mois environ dans votre boîte mail. Un moyen simple et intime de garder le lien.

Votre inscription est un geste précieux qui soutient ma démarche créative. Merci infiniment pour votre attention.