Julien à la flûte juin 2023

Cher journal,

 

Quel mois de juin palpitant ! Alors chaque année, c’est la même ? Rencontres, festivités, voix, guitare, chaleur et lumière… Pour le sensible que je suis, c’est un peu comme déguster une glace à trois étages, avec du caramel, du chocolat et de la crème chantilly en supplément… Parfois, on en met trop dans la coupe du solstice. J’aimerais tant que ces moments de liesse soient harmonieusement répartis sur les douze mois de l’année, pour en profiter pleinement !

 

Malgré tout, je tiens à t’exprimer ma joie ! Lors de ces fêtes populaires, où nous nous réunissons et laissons les étoiles briller jusqu’au petit matin, on ressent une certaine éternité, le feu des premiers temps qui brûle dans nos mains et dans nos ventres. Même si je dois avouer que ce soleil si généreux suscite chez moi une certaine inquiétude, et derrière chaque moment de réjouissance, je ne peux m’empêcher de penser aux grands changements climatiques que nous traversons, et peut-être au fait qu’un jour, nous serons plus heureux de célébrer l’arrivée de l’hiver, synonyme de fraîcheur et d’éloignement de la saison sèche.

 

Le vie n’est pas toujours à la fête. Chacun la célèbre à sa manière. La mienne réside dans cette ambiguïté, entre joie et angoisse, où chaque réjouissance danse avec les questions. Pourquoi ces excès ? Ces ivresses ? Comment habitons-nous ce monde ? Pourquoi hésitons-nous tant à nous remettre en question collectivement ?

 

Oui, cher journal, comme j’aimerais que le monde soit différent, que les liens de notre société se tissent autrement. Cela ne tient qu’à moi, bien sûr, mais je voudrais que les codes évoluent, que les mots ne soient pas vains ou vides de sens. Qu’on se regarde et qu’on s’écoute avec une réelle attention. Je me questionne sur notre façon de consommer les choses et les relations avec les autres. Ne serait-il pas bénéfique d’adopter une attitude plus consciente et vigilante ? Mon sens de la fête a ce prix, je crois…

Cette année, au point culminant du jour, ma voix s’est voilée comme une roue de vélo en pleine course. Fatigué le Julien. Alors comme ça, on ne peut pas donner en illimité ? Zut ! J’apprends encore et toujours à connaître mes limites. Fort heureusement, la force du collectif et les instruments étaient présents. Quelle aide et quel soutien ! Certaines marques d’attention des personnes qui m’entourent m’ont beaucoup touché.

 

Malgré quelques moments difficiles et les grincements de dents que cela a procurés, j’ai pu m’accorder des jours de repos bien mérités. Je les remercie, car ils ont permis à mon énergie de revenir, plus apaisée et plus claire. Elle est à nouveau en selle, elle qui me guide et m’enseigne le chemin.

Voilà petit journal, pour conclure, je souhaite te chanter quelques paroles d’une chanson de Mr Dutronc fils : “J’suis pas d’ici J’suis musicien Un soir je suis le roi, un soir le chien Qu’on caresse ou qu’on laisse en solo”

 

Allons de l’avant, cher journal, vers un bel été ! N’oublions pas de célébrer chaque saison et d’accorder une attention particulière aux artistes qui donnent tant d’eux-mêmes pour enjailler le monde. Veillons sur eux, ne les “consommons” pas, et comprenons pleinement leur engagement.

 

Affectueusement,
Julien